État d’urgence à vie

Dernièrement, le Blancos s’est un peu lâché. Selon lui, il faudrait maintenir l’état d’urgence jusqu’à ce qu’on soit débarrassé de daech… autant dire que ça peut durer indéfiniment. Juste pour rire, imaginez que Bush ait déclaré un état d’urgence jusqu’à la disparition d’al-qaeda. 15 ans plus tard, on y est encore. De son côté, Flamby s’est senti obligé de temporiser, mais on sent bien que tout cela va continuer, exactement sur le modèle de la politique telle qu’elle se pratique en France : des décisions dans l’urgence, au coup par coup, sans aucune vision d’avenir sinon les prochaines élections.

Les élections justement… je ne sais pas si l’état d’urgence est efficace contre le terrorisme, mais il pourrait être utilisé fort à propos pour, disons, influer gentiment sur un processus de campagne électorale. Surtout au cas où un vilain parti bleu marine commencerait à voir son électorat grossir plus vite que prévu suite au grand n’importe quoi du gouvernement en place. Les migrants et le terrorisme, ça ne joue pas vraiment en faveur du PS, et pas beaucoup plus pour son aile centriste connu sous le nom « Les Républicains » (c’est l’UMP, pour ceux qui n’ont pas suivi). Parce que Marine en tête du premier tour avec 35%, ça commence à devenir réaliste. Alors, tout doucement, une petite touche dictatoriale n’est pas de refus dans un régime où les partis dominants se réclament déjà du Bien, ce Bien prenant la forme creuse aux contours flous des « valeurs républicaines ».

Le problème de cet état d’urgence, c’est qu’il est parfaitement indolore pour la majorité des Français. On ne se fait pas contrôler dans la rue par des soldats en armes, les flics ne sont pas plus chiants que d’habitude (ce serait difficile, mais enfin…). Pas de check-points, de barrages, de chevaux de frise. Pas de couvre-feu. Même les rassemblements de foule, censés être interdits, sont complètements tolérés (enfin, pourvu qu’ils soient de gauche ou initiés par des voyous et des migrants en furie, bien sûr). Les voitures brûlent autant que d’habitude, et pour que les flics vous tuent, il faut quand même aller faire le guignol en hurlant des trucs hostiles devant un commissariat. Pas de quoi se sentir sous une dictature. Évidemment, si vous êtes dans le collimateur de la justice ou du pouvoir, ça peut vite devenir plus expéditif, mais tellement peu de gens sont concernés que les Français dans leur ensemble se fichent un peu de cet état d’urgence. Cela devrait pourtant nous inquiéter, car le pouvoir a les mains un peu trop libre, mais tant que nous n’avons pas le flingue sur la tempe, nous ne réagirons pas. C’est humain. Donc l’état d’urgence va continuer tranquillement, sans grande réaction, sinon celle de quelques avocats et autres habitués du droit.

Il y a de quoi s’inquiéter, parce que l’année à venir promet d’être assez sportive. Entre les arrivées massives de migrants qui vont s’intensifier, les difficultés économiques qui ne semblent pas sur la voie d’une inversion de la hausse de la baisse du contraire de je ne sais trop quoi, et l’écroulement progressif de l’UE, il va y avoir du boulot pour faire tenir tout le monde tranquille. Et surtout, les socialistes, gens qui se croient investis d’une mission – même s’ils ne savent pas trop laquelle – n’ont pas du tout l’intention de quitter le pouvoir aussi facilement, j’en suis persuadé. Ceux qui réclament « une bonne dictature » pour remettre de l’ordre dans le pays risquent d’être surpris : la dictature arrive, et ce n’est pas du tout celle qu’on croit.

Une réflexion sur « État d’urgence à vie »

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