Le gouvernement vient de prendre un décret qui punit la tenue en privé de propos injurieux et autres sorties politiquement incorrectes. C’est un pas effrayant vers la destruction de la vie privée et de la liberté d’expression. Car de tels propos ne pourront être punis que s’ils sont au préalable dénoncés. Il en découle deux conséquences dramatiques qui vont achever de détruire tout sentiment de communauté.
La première conséquence est la suspicion et la méfiance constante que cette loi va instaurer. Comme dans l’ex Allemagne de l’Est, n’importe qui sera un indicateur de police potentiel prêt à vous dénoncer. Votre voisin, votre collègue de travail et peut-être même vos propres enfants. Tout comme dans 1984, il sera impossible à terme de se fier à quiconque. Toute nouvelle connaissance, toute nouvelle rencontre sera entachée de méfiance. Il sera même impossible de faire de l’humour, puisque tout propos pourra être interprété au pied de la lettre une fois sorti de son contexte. Ce décret est d’inspiration totalitaire, et je pèse ici mes mots. Il permet de rentrer dans la vie privée de n’importe qui et d’y porter la punition pour toute déviance d’opinion.
Deuxième conséquence, la volonté de nuire pourra se donner libre cours. Si un voisin ne vous apprécie pas, si un collègue de travail veut vous discréditer, il lui suffira de porter plainte. Ce sera sa parole contre la votre, et la preuve sera difficile à établir, mais si le fâcheux est malin, il aura prévu quelques témoins qui pourront jurer que vous avez bien proféré les propos interdits. Pour peu que vous ayez eu par le passé quelques propos désapprobateurs sur tel ou tel aspect de la politique migratoire actuelle que d’autres témoins pourront confirmer, votre compte sera réglé, et d’autant mieux que les associations habituelles seront là pour conseiller et appuyer le plaignant et se porteront même systématiquement partie civile. Si par malheur vous vous laissez aller à la terrasse d’un café à expliquer à vos amis tout le bien que vous pensez du mariage homosexuel ou du regroupement familial, un preux gauchiste épris de justice sociale assis à la table d’à côté pourra prévenir la police – et on imagine sans peine qu’une appli pour ce genre de délation verra le jour.
Car il ne faut pas s’y tromper, ce décret – qui a donc passé outre le contrôle des représentants du peuple – est fait sur-mesure pour que les divers et autres gauchistes puissent traîner devant les tribunaux tous ceux qui auront le malheur de leur déplaire. Et tout finira à l’appréciation des juges. On imagine déjà qu’ils prêteront une oreille attentive à certains, alors qu’ils en débouteront d’autres qui pourront par la suite être poursuivis pour diffamation – comme, c’est un exemple comme un autre, quelqu’un qui aurait eu la folie de se plaindre de racisme anti-blanc.
Tout cela est effrayant. La méfiance généralisée va désormais être de rigueur. On chercherait à diviser la société en millions d’atomes individuels pour mieux les contrôler qu’on ne s’y prendrait pas autrement. La prochaine étape, c’est la loi des suspects.