Les cas particuliers sont presque toujours sympathiques. C’est bien là que réside leur dangerosité. Le bon vieux chantage à l’émotion fonctionne toujours. L’affaire de l’Aquarius n’est rien d’autre que cela. Six cent migrants, ce n’est rien. Toujours les mêmes grosses ficelles. La politique, c’est justement tout le contraire. C’est avoir le courage de regarder les choses dans leur ensemble, et dans toute leur dimension temporelle. C’est le courage de prendre des décisions qui vont être dures aux cas particuliers. Il n’y a que les vieilles gauchistes ménopausées retraitées de l’éduc naze qui peuplent les associations d’aides aux migrants pour croire sincèrement que n’importe quel bled de Bretagne peut accueillir sans conséquence des flots de cas particuliers.
Nous sommes égoïstes, nous dit-on, quand nous refusons les migrants. C’est vrai. Nous tenons à notre mode de vie et nous sentons sourdement que tous ces cas particuliers, à la longue, viendront immanquablement l’éroder. Mais ces migrants eux-mêmes ne sont pas moins égoïstes. Ils ne cherchent que leur intérêt personnel, sans se demander si nous avons besoin ou envie d’eux. Égoïsme contre égoïsme, je préfère encore le mien.
Demain, ils seront 2,5 milliards de cas particuliers en Afrique, dont une bonne partie rêvera de venir s’installer dans une Europe qui commencera sérieusement à s’essouffler. Qui peut croire sérieusement qu’ils pourront tous s’entasser dans la jungle de Calais ou sous le périphérique à la porte de la Chapelle à Paris ?