L’homme qui n’aimait pas les hommes

La personnalité d’Emmanuel Macron m’intrigue car il semble qu’aucun président n’a été plus explicable par sa psychologie qu’aucun autre auparavant. Les autres, voyez-vous, pouvaient être suspectés d’ambition personnelles et d’intérêts matériels triviaux, parfois même d’aveuglement idéologique ou de lâcheté face au qu’en-dira-t-on journalistique. Macron, lui ne semble être mu par rien de tout cela en priorité. Oh, bien sûr, l’ambition est là, et il en faut pour devenir président, mais le narcissisme impitoyable du personnage va bien au-delà.

Songez comme cet homme a fait preuve de dureté. Il a été inflexible face à la grève des transports – ce qui d’ailleurs n’aura pas que de mauvais effets puisqu’il paraît assuré qu’il a cassé les reins des syndicats pour un bon bout de temps. Il fallait de la ténacité en la matière, mais il s’est avéré par la suite qu’elle ne relevait pas d’un courage hors-norme ou d’une vision politique assurée, mais bien plutôt de l’application d’un programme qui au fond ne dépendait pas de lui mais pour lequel sa rigidité et son absence totale d’empathie en faisait le candidat idéal. On pourrait même dire que c’est justement pour cela qu’il a été choisi : cet homme obéira à ceux qui l’ont fait sans se poser de question, et avec toute la brutalité nécessaire.

Il l’a d’ailleurs amplement prouvé par la suite : la seule réponse qu’il a trouvé face aux gilets jaunes a été celles de la violence policière exacerbée et de l’autoritarisme, autoritarisme qui donne sa pleine mesure depuis les débuts de la crise du covid et qui s’appuie sur un appareil policier prêt à exécuter avec un zèle inquiétant toutes les basses besognes qu’on lui confiera.

Macron n’est absolument pas un homme politique. C’est un gestionnaire inflexible, sourd à tout ce qui fait l’humain. Par ses déclarations autant que par ses actes, il montre chaque jour qu’il ne comprend pas ce qui peut agiter le cœur des hommes. Toutes ses interventions sonnent creux et porte la marque de l’insincérité la plus totale. Non content de prendre systématiquement de mauvaises décisions, il semble incapable de les assumer. C’est toujours la faute de quelqu’un d’autre : les Français, bien sûr, qu’il n’aime pas, mais aussi le fameux conseil scientifique derrière lequel il s’abrite, comme s’il n’avait pas la décision finale entre ses mains. Ses ministres et subordonnés, qui n’appliquent rien assez vite ou assez bien, et auquels il préfère les conseils d’un cabinet anglo-saxon qui facture fort cher et sur lequel il pourra porter le blâme. Non seulement il semble incapable d’assumer le moindre reproche et ne semble pas se rendre compte que celui qui est au pouvoir porte in fine des responsabilités, mais il est apparemment persuadé d’être dans le vrai, d’être le seul à être dans le vrai.

Je ne dirai rien de la bizarrerie de son choix conjugal : il me semble que la situation parle d’elle-même. Elle est suffisamment inédite pour qu’on s’en défie instinctivement.

Cet homme ira jusqu’au bout avec une bonne conscience totale. Et nous expliquera jusqu’à son dernier souffle que c’est lui qui avait raison, et que nous somme les imbéciles qui n’ont rien compris. Le seul problème, c’est qu’il n’y a rien à comprendre, et que lui-même ne le sait pas.

Je crois pourtant comprendre une chose à propos de lui. Il est de la génération X. Celle qui a été mal aimée, mal éduquée, laissée à elle-même. C’est le premier de cette génération à accéder au pouvoir, et il montre tout ce qu’elle recèle d’impitoyable.

On a négligé de lui apprendre l’humanité.

2 réflexions sur « L’homme qui n’aimait pas les hommes »

  1. On a oublié de lui apprendre l’humanité ?
    Mais non
    Au contraire,sa prof puis sa femme, lui ont appris les humanités
    Enfin je suppose
    Elle devait enseigner les lettres classiques, donc grec et latin ( ce que je détestais dans mon parcours scolaire boiteux, mais ce qui m’a le plus été utile ensuite, enfin, une utilité pas évidente à prouver mais une utilité réelle, pour pouvoir, au hasard, me déconnecter du quotidien ou me reconnecter avec certains)
    Hé bien, on dirait qu’il n’en a rien retenu

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